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DE LA VILLE DE PARIS.
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345
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[i57-]
"Par tant requéraient à Sa Majesté que, attendu que lad. Ville de Paris est la premiere et capitallc du Royaulme de France, qui doibt estre plus polli-cée, qu'il pleust à Sa Majesté, pour obvyer ausd, abuz, créer el ériger en mestier juré l'estat de cuisinier en sad. Ville de Paris, et que tous prétendant à maistrise soyent tenuz, avant que d'estre passez maistres, demeurer l'espace de deux ans soubz aucuns desd, maistres, et faire clief d'oeuvre, pour cn jouir par eulx, ainsy que font les aultres mestiers jurez en lad. Ville; estant à ceste fin les articles, qui seront par eulx accordez par devant le Prevost de Paris ou son Lieutenant, gardez et observez, et de ce leur estre lectres expediécz;
"Les lectres patantes dudict Seigneur attachées à lad. requeste, données au chasteau de Boullongne, le dix huictiesme jour de Febvrier dernier passé, signées par le Roy en son Conseil, Fizes ''', addressantes au Prevost de Paris ou son Lieutenant, pour, appellez les Advocat et Procureur du Roy au Chastellet, les Prevost des Marchans et Eschevins de la ville de Paris, donner advis s'il seroit bon, utilie et proffictable accorder aux dessusdictz cuisiniers le contenu en leurdicte requeste. Et oy sur ce le Procureur du Roy et de ladicte Ville, et tout consideré;
"Lesdictz Prevost des Marchans et Eschevins sont d'advis, soubz le bon plaisir toutesfois du Roy nostre siro, qu'il n'est aucun besoing pour le proffict el utillité de la Republique, qu'il y ayt maistrise poulle regard de l'estat de cuisiniers, par ce que ce seroit oster le moien de vivre à beaucoup de gens, que l'on mect en besongné et desquelz les bourgeois se conlantent pour cuisiner; que s'il y avoit maistrise, lesd, bourgeois, manans el habitans seroient contrainctz, pour faire festins, nopces, ou banquestz, de appeller ung desd, maistres, sans se pouvoir ayder de ceulx qu'ilz auroyent choi-
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siz, pour leurs commodilez, moindres fraiz et es-
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pargné
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k Aussy que, ladicte maistrise érigée, il se pourroit faire entre eulx monopolles, comme se faict en plusieurs des maistiers de cestcdicte Ville, qui apporte la charié des danrées et marchandises; et de ce qui cousteroit apresent ung escu, pour la peyne d'un cuisinier à ung banquet, il cn couslerait deux, d'aultant qu'il fauldroit passer par leur misericorde; et ne vouldroient permectre que ung Compaignon cuisinier, possible plus ahille et expérimenté qu'eulx'3', besongnassent pour les bourgeoys; qui seroit contre la liberté des bourgeois '4>, manans et habitans de lad. Ville ;
«Que l'érection de telle maistrise ne peult apporter que foulle au peuple et aux paouvres garsons, que beaucoup de gens de bien mectent pour apprendre la cuisine, d'aultant que pour passer maistre, il leur cousteroit une bonne somme de deniers; aultrement ilz ne seroient maistres ;
"D'aultre part, soubz la couverture et libre de maistrise, lesd, cuisiniers pourroyent entreprendre sur les aultres estatz, comme routisseurs, pasticiers et aultres, qui se engendreroit une infinité dc querelles et procès; et lesquelz, en (out évènement, il fauldroit appeller, pour estre reiglez ensemblement;
"Aussy que telle érection de maistrise de cuisiniers engendreroit despence aux bourgeois, par ce que tout le contenu en lad. requeste ne gist qu'en délicatesse qui appartient aux princes qui ont chacun ung cuisinier(5\ et non ausd, bourgeois, lesquelz faisant festin ou banquet ne prendront pour leur cuisinier, sinon celluy que bon leur semblera, pour employer avec bon mesnage '6) ce qui leur sera baillé par le bourgeois; ce que ne seroit ausd, maistres cuisiniers, qui tousjours entrent cn plus grande despence ;
"Et si telle érection avoit lieu, seroit plus tost
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(l) Nous n'avons point trouvé Ie texte de ces lettres patentes.
<-' Les cuisiniers attendirent encore près de trente ans avant que leur métier fût érigé en communauté jurée. Du temps du Prévôt Étienne Boileau, il existait une corporation organisée sous le nom de cuisiniers-oyers ; elle se décomposa plus lard en rôtisseurs et en charcutiers, preuve que ce métier du xm° siècle n'était pas celui de cuisinier tel qu'on le comprend ici. Dans l'ordonnance générale de i58i sur les maîtrises, la communauté des cuisiniers n'est pas mentionnée. Ce fut Henri IV qui confirma les premiers statuts en douze articles des queux-cuisiniers porle-chappes, et reconnut leur existence comme corporation par lettres patentes données à Paris, au mois de mars 1599. C-f- R. de Lespinasse, Les métiers et corporations de la ville de Paris, coll. de documents sur l'histoire générale de Paris. Paris, Imprimerie nationale, 1886, p. 299, 3o3-3o5.) M. de Lespinasse n'a pas eu connaissance de la requête des cuisiniers, dont il est question ici, et de l'avis formulé à celte occasion par l'Echevinage.
O Var. sque les maistres» (B).
<4' «Qui seroit contre la liberté des bourgeois- manque dans A.
<H Var. "chacun leur cuisinier;) (B).
W Var. "emploier avecq bonne parcimonyo» (B).
vi. 44
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